xx                           Les Spectacles de la Foire.
cintre du théâtre et qui indiquaient ce que l'acteur avait à dire. Lorsqu'il y avait des couplets, l'orchestre jouait l'air, et des individus placés dans la salle et payés pour cela, chantaient les paroles que le public répétait en chœur. Cette manière toute nouvelle de jouer la co­médie ne laissait pas que d'amuser fort le public qui, par ses applaudissements, encourageait les acteurs forains dans la lutte inégale qu'ils soutenaient avec la Comédie-Française. Toutefois, s'il en est qui, comme Alexandre Bertrand, Christophe Selles et leurs associés, montrèrent une indomptable énergie, d'autres, comme les frères Alard et la veuve Maurice, comprirent aisément qu'ils ne seraient pas les plus forts et ils tâchèrent d'étre du moins les plus habiles. Dès 1708, cette dernière traita avec l'Académie royale de musique et obtint, moyennant une somme assez considérable, l'autorisation de repré­senter sur son théâtre de petites piéces mêlées de cou­plets auxquelles on donna le nom d'opéras comiques; elle put ainsi passer tranquillement l'année 1709 qui fut signalée par la victoire définitive de la Comédie-Française sur Alexandre Bertrand, qu'elle réduisit à ne plus faire jouer que des marionnettes, et sur Christophe Selles qui, ruiné, quitta Paris pour'n'y plus revenir. L'exemple de la veuve Maurice fut suivi par tous les entrepreneurs de spectacles forains qui se succédèrent depuis lors aux foires, et l'on vit le privilège de l'Opéra-1